L'injustice transactionnelle
La naïveté des entrepreneurs face à la technicité des financiers.
↪ A chaque fois qu’il y a un investissement dans une entreprise, un prêt ou une cession d’actions entre actionnaires, il y a une transaction financière - entre un acheteur et un vendeur. La transaction financière est une des deux grandes finalités de la finance, avec des enjeux souvent colossaux et un marché inégal. D’un côté, il y a les financiers qui sont rôdés à l’exercice et de l’autre des entrepreneurs, souvent naïfs et dans l’illusion ! Cet article met en lumière cette asymétrie et au final cette injustice qui peut être corrigée.
⚡Résumé des points importants
Les transactions financières engendrent une pression sur les contreparties, pouvant être à l’origine de l’injustice.
Les transactions financières sont par nature complexes, impliquant de nombreux aspects techniques, exacerbés par l'irrationalité humaine.
Les professionnels de la finance excellent face à des entrepreneurs peu expérimentés, créant une asymétrie de marché.
Il est possible d’atténuer cette asymétrie en faisant appel à des experts, en simplifiant les processus et en réduisant son niveau de naïveté.
🔳L’origine de l’injustice
Des enjeux importants
Quand une entreprise a besoin de financement dans les 6 prochains mois au risque de faire faillite, oui, il y a un certain enjeu. Quand un investisseur se trompe et fait perdre 5 millions d’euros à un fonds, au mieux sa réputation en prend un coup, au pire il devra changer de métier. Que l’on soit du côté vendeur (celui qui vend un projet) ou acheteur (celui qui finance / investit), la marge de tolérance est en général assez faible dans les transactions. Parfois, une partie ou une autre n’a pas d’autre choix que d’accepter un mauvais deal pour sauver une situation à court terme tout en étant dans l’incertitude sur le moyen terme. Cette intensité des enjeux est un des facteurs pouvant expliquer l’injustice.
La complexité transactionnelle
La complexité en est un autre. La transaction financière se situe en fin de chaîne de valeur financière après la comptabilité, la planification, la valorisation, la structuration et la négociation. La combinaison de ces aspects techniques fait de la transaction une opération complexe, nécessitant les compétences les plus pointues en finance mais aussi en (micro et macro) économie, en stratégie ainsi que dans le domaine juridique. Ces compétences sont nécessaires pour gérer le risque lié à la transaction. Que se passe t’il si l’entreprise se trouve en rupture de trésorerie 1 an après avoir reçu un investissement ? Il faut être capable de prévoir (très en amont) ce type de scenario - et il y en a beaucoup ! En plus, de la complexité technique, il y a aussi une composante humaine, avec sa dimension irrationnelle, qui ajoute encore de la confusion.
L’asymétrie du marché
Qui maîtrise le mieux cette complexité ? Eh bien ceux dont c’est le métier, c’est à dire les professionnels de la finance : investisseurs, prêteurs ou opérateurs. Il s’agit souvent d’institutions, en général des fonds d’investissements ou des banques, ainsi que leurs conseils. Ces acteurs ont trois atouts majeurs :
Ils ont les moyens de payer les meilleurs experts dans chaque domaine ;
Ils ont des processus de décision solides et efficaces ;
Ils ont déjà vécu tous les scénarios possibles d’une transaction.
En résumé, leur expérience cumulée et collective est phénoménale ! En face, il y a souvent des entrepreneurs naïfs dont le métier n’est pas la transaction financière et qui en ont pourtant besoin - pour obtenir du financement ou pour transmettre une entreprise. Même les entrepreneurs les plus expérimentés ne peuvent pas égaler la technicité des institutions financières. C’est un marché complètement asymétrique.
🔳La correction de l’injustice
Faire appel à des experts
Le moyen le plus évident pour rétablir un peu d’équilibre dans ce monde est de savoir faire appel aux bons experts : financiers et juridiques. L’expert financier connaît bien les titres financiers (ex. actions, prêts convertibles, prêts simples, etc.) et pourra conseiller l’entreprise sur les besoins de financement, de structuration, de valorisation et de dilution. Une fois que l’expert financier a fait son travail, il est recommandé d’avoir un expert juridique pour formaliser la transaction, car la transaction se conclue par un contrat. Ne prenez pas - comme je le constate régulièrement - n’importe quel juriste sous prétexte que c’est un ami de la famille, le copain d’un copain qui vous fait un prix ou simplement parce qu’il a son bureau à coté du votre. Le juriste doit être spécialisé dans le domaine de la banque d’affaires ou dans celui de la dette. Par ailleurs, il doit bien connaître la juridiction de l’entreprise.
Simplifier le plus possible
Malheureusement, les meilleurs experts vivent eux-mêmes de la complexité et n’ont donc pas intérêt à la supprimer totalement. Plus c’est compliqué, plus ils gagnent de l’argent, surtout si les enjeux sont importants. Le meilleur rempart contre cette complexité est la simplicité qui doit être adoptée comme principe - en amont d’une transaction : simplifier le plus possible, tout le temps ! Avant même de contacter les experts, vous devez être vigilant à ne pas vous laisser embarquer dans des situations (ou des langages) que vous ne comprenez pas et qui sont susceptibles de rendre les choses très coûteuses ou même ingérables.
Perdre sa naïveté
Nous sommes tous naïfs, c’est à dire inexpérimenté et crédule, dans un domaine ou dans un autre. Dans certains domaines, comme par exemple l’amitié, la naïveté est acceptée voire recherchée. Ce n’est pas le cas en finance. Si vous n’êtes pas habitués au monde financier, vous devez le reconnaître - en listant les aspects que vous maîtrisez et ceux que vous ne maîtrisez pas, en cherchant à savoir ce que vous devriez savoir. Il peut être utile d’échanger avec des personnes ayant l’expérience, lire des blogs comme celui-ci ou encore suivre des mini-formations. L’objectif n’est pas de devenir un expert mais simplement de minimiser votre naïveté. A défaut, celle-ci jouera contre vous.
✨ Le rôle de l’architecte finance - “a.f”
L’a.f est au milieu de tout ça ! Il doit savoir évaluer et si nécessaire compléter l’expérience des contreparties pour rétablir l’équilibre des forces et viser la transaction la plus juste possible. Cette intention doit être impulsée par l’a.f. afin d’évoluer naturellement vers une transaction saine et équilibrée.
Pat Ben | CFO.boutique